L'employé de poste vu par la psychogénéalogie : le passeur d'histoires et le guérisseur des liens
Le métier d'employé de poste (facteur, guichetier, trieur), centré sur la communication, la transmission des nouvelles (lettres), le lien ou la séparation (colis, envoi), et la gestion du mouvement à petite échelle, est intimement lié aux mémoires familiales de ruptures de contact, de silences autour des événements importants, d'interdit de parler, et de secrets de filiation ou d'origine. L'employé de poste devient le "réparateur de la communication et le garant que les nouvelles arrivent à bon port" du clan.
1. La mémoire du silence, de la rupture et de la parole interdite
Le professionnel est un intermédiaire essentiel de la communication écrite, réparant les manques de la parole et de l'échange.
Le mandat de transmission : L'employé de poste porte une injonction inconsciente à assurer que le message soit reçu, quel que soit l'obstacle. Ce métier est une réparation pour les aïeux qui ont souffert de la rupture de contact avec un proche (guerre, migration, dispute), dont les lettres n'arrivaient pas, ou qui ont été tenus dans l'ignorance d'événements importants. Il a pour mission de rétablir la vérité et le fil du récit. La quête de l'exactitude : La rigueur dans l'adresse et le tri est vitale pour la transmission. Cette quête d'exactitude est souvent une réaction inconsciente à un désordre familial où les rôles ou les adresses n'étaient pas clairs, ou à un secret de filiation (la "bonne adresse" ou la "bonne origine") qui a causé de la confusion. Le rôle du gardien des secrets : En traitant le courrier, le professionnel est au courant des événements intimes sans jamais en être partie prenante. Cela peut refléter une loyauté envers un aïeul qui était le confident discret des drames de sa communauté, ou celui qui détenait un secret écrit jamais révélé.
2. Le rôle de la distance, de l'appartenance et de l'ancrage
L'employé de poste gère la distance entre les individus, ce qui résonne avec l'histoire géographique du clan.
Le mandat de gestion du lien et de la séparation : L'envoi d'une lettre ou d'un colis officialise le lien ou la distance avec autrui. Ce rôle est une façon de maîtriser la mémoire des séparations douloureuses ou des éloignements forcés vécus par la lignée. Le professionnel crée symboliquement le lien entre les exilés et le foyer. L'ambivalence de l'ancrage et du mouvement : Le facteur est celui qui est ancré sur son territoire (sa tournée) tout en étant constamment en mouvement. Cette position peut être une façon de réparer la mémoire de l'errance ou, à l'inverse, de l'immobilité forcée d'un aïeul, trouvant un équilibre entre le lieu de vie (le bureau de poste) et la nécessité de bouger (la transmission). La gestion de la nouvelle : La réception du courrier peut apporter la joie ou la peine (une bonne nouvelle, un avis de décès, une facture). L'employé de poste est celui qui porte le destin écrit. Il peut chercher à maîtriser l'impact émotionnel des nouvelles en restant neutre, par loyauté à l'aïeul qui a dû montrer une résilience totale face aux coups du sort.
Questions pour la réflexion
Si vous êtes employé de poste, il peut être intéressant de vous poser ces questions :
Votre engagement à assurer le contact et à transmettre les informations n'est-il pas lié à une mémoire de rupture, de silence ou de communication manquée dans votre lignée ? Votre quête d'exactitude et votre respect des adresses vous permettent-ils de réparer un sentiment de désordre ou un secret de filiation qui a brouillé les pistes ? Avez-vous du mal à rester immobile ou, au contraire, à communiquer vos propres émotions personnelles, étant le garant du mouvement et de la neutralité pour les autres ?
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