
Infirmier/Infirmière vus par la psychogénéalogie : l'Héritage du don de soi
Le métier d'infirmier ou d'infirmière est fondamentalement lié au don de soi, à la proximité et à la résilience face à la souffrance. La psychogénéalogie permet d'explorer les raisons profondes de cet engagement, souvent associé à une forte vocation et aux dynamiques familiales.
1. La place de l'aidant : réparateur et tiers soignant du clan
L'attrait pour le soin infirmier peut être une réponse inconsciente à des besoins non satisfaits dans la lignée familiale :
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Le rôle du "parent de substitution" : L'infirmier/infirmière a-t-il été l'enfant parentifiant dans sa famille, celui qui a dû prendre soin d'un parent malade, d'un cadet, ou gérer les crises ? Le métier devient alors la prolongation légitimée d'un rôle précoce.
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Piste de réflexion : L'individu se sent-il plus reconnu et valorisé pour ses qualités d'aidant à l'extérieur (à l'hôpital) qu'à l'intérieur (dans sa famille d'origine) ?
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Le besoin de soulager la souffrance : Y a-t-il des souffrances cachées (maladies graves, deuils non faits, conditions de vie difficiles) dans l'histoire familiale ? L'infirmier/infirmière peut porter la mission inconsciente de "pansement" pour le système, essayant de soulager la douleur qu'il n'a pas pu guérir chez ses ancêtres.
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Piste de réflexion : La spécialité choisie (soins palliatifs, urgences, psychiatrie) est-elle en résonance avec une problématique émotionnelle ou physique intense vécue par un aïeul ?
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La dette de vie : La famille a-t-elle été sauvée par un soignant (infirmier, sage-femme) ? Le métier peut être une forme de loyauté invisible ou de remerciement envers le corps soignant, assurant que "le service" soit rendu à son tour.
2. Le sacrifice de soi et le risque de burn-out
L'engagement sans faille des infirmiers/infirmières les expose particulièrement à l'épuisement. La psychogénéalogie pointe les schémas de sacrifice :
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L'injonction au "don total" : Existe-t-il, dans le clan, une croyance limitante selon laquelle l'amour et la reconnaissance ne s'obtiennent que par le sacrifice ou l'abnégation ? L'infirmier/infirmière peut se sentir coupable s'il prend du temps pour lui.
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Piste de réflexion : Le sacrifice professionnel sert-il à éviter de faire face à un vide personnel ou un conflit intérieur non résolu ?
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La transmission de l'humiliation ou du service subalterne : Si les ancêtres soignants étaient mal considérés, le professionnel peut inconsciemment répéter ce schéma de manque de reconnaissance ou de surcharge de travail pour rester fidèle à leur sort.
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Piste de réflexion : Le sentiment de ne jamais en faire assez est-il un écho à une injustice ou un méprissubi par des aïeuls au service des autres ?
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Le portage de la colère familiale : L'infirmier/infirmière est souvent confronté(e) à la violence et à l'injustice du système de santé. Cette colère peut être accrue si elle fait écho à une colère non exprimée ou une injustice vécue par la lignée.
3. La relation à l'argent et à la valeur
Le métier infirmier, essentiel, est souvent sous-payé au regard de l'investissement. Cet aspect financier peut être éclairé par le passé familial :
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Le refus inconscient de l'argent : Si la famille a associé l'argent à la malhonnêteté ou au malheur, choisir un métier de "vocation" mal rémunéré peut être une façon inconsciente de rester "pur" ou d'éviter le "mauvais argent".
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Piste de réflexion : Y a-t-il eu des problèmes d'héritage, des faillites ou des spoliations dans l'histoire qui lient l'argent à la douleur ?
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La légitimité à recevoir : L'infirmier/infirmière se sent-il légitime à demander ou à recevoir un salaire juste pour le soin prodigué ? Ce manque de légitimité peut être lié à un manque de reconnaissance reçu dans l'enfance ou à un sentiment de culpabilité d'avoir plus que ses aïeuls.
Comprendre ces dynamiques transgénérationnelles peut aider l'infirmier/infirmière à poser des limites saines, à se légitimer dans son rôle et à transformer le sacrifice en un don de soi conscient et équilibré. Avez-vous déjà réfléchi aux figures d'aidants dans votre propre histoire familiale ?

Principes de l'Analyse Psychogénéalogique des Métiers
La psychogénéalogie ne s'intéresse pas seulement à la profession en elle-même, mais surtout à la motivation inconsciente qui a poussé l'individu vers ce choix. L'analyse se concentre sur :
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Le Syndrome d'Anniversaire : Le métier est-il lié à une date importante (naissance, décès, événement) de l'arbre ?
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Les Loyautés Familiales Invisibles : L'individu exerce-t-il le même métier qu'un ancêtre (répétition) ou un métier totalement opposé (réparation ou rupture) ?
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Exemple : Devenir Médecin pour "réparer" une maladie grave ou un décès non résolu dans la famille.
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La Réparation Symbolique : Le métier représente-t-il la réparation d'un secret, d'une honte ou d'un drame familial ?
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Exemple : Devenir Avocat pour "rendre justice" à un ancêtre qui a subi une injustice.
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Le Nom de Famille (Nom-Prénom-Métier) : Existe-t-il un jeu de mots ou une résonance sémantique ?
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Exemple : Un Boulanger nommé "Mme Croissant" (même si c'est anecdotique, ces coïncidences sont analysées).
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La Non-Place ou le Secret : Le choix d'un métier très visible (Artiste) ou très secret (Chercheur) peut être une manière d'exprimer ou de cacher un secret familial.
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