
Le costumier / costumière vu par la psychogénéalogie : le matérialisateur du rôle et le réparateur de la non-identité
Le métier de costumier ou costumière, centré sur la conception du vêtement (le masque social), l'incarnation d'un rôle (le personnage), la transmission de l'histoire (par le tissu et la coupe) et la gestion de l'image de soi, est intimement lié aux mémoires familiales d'interdit de s'exprimer, de secrets de filiation (le rôle imposé), d'humiliation liée à l'apparence ou de manque d'habit (pauvreté). Le costumier devient l'« artisan du paraître » et le « sculpteur de l'identité éphémère » du clan.
1. La mémoire de l'apparence, du rôle social et de la honte
Le vêtement est le premier masque social, en lien direct avec la façon dont la lignée a géré son image et son statut.
Le mandat de l'incarnation symbolique : Le professionnel porte une injonction inconsciente à rendre visible et crédible un rôle. Ce métier est une réparation pour les aïeux qui ont été contraints à un rôle unique (le paysan, la mère de famille), qui ont eu un interdit d'être vraiment eux-mêmes ou qui ont été humiliés par la pauvreté de leurs vêtements. Il a pour mission de légitimer l'identité par le costume. La quête de la transformation : Le vêtement permet de changer de statut et d'identité. Cette quête est souvent une réaction inconsciente à un sentiment de non-place ou d'illégitimité hérité, où l'individu se sent plus à l'aise dans l'identité qu'il fabrique que dans l'identité qui lui a été donnée. Il maîtrise le changement pour les autres. Le rôle du gardien du secret intime : Le costume cache autant qu'il révèle. Le costumier gère les mesures intimes et les besoins du corps. Il peut chercher à réparer une mémoire de honteou de secret physique (malformation, maladie) en s'assurant que l'apparence extérieure est parfaite, dissimulant les vulnérabilités.
2. Le rôle du tissu, de la transmission et de l'ombre
Le tissu est porteur d'histoire, et le métier s'exerce souvent dans l'ombre de l'acteur ou du metteur en scène.
Le mandat de la mémoire du tissu : Le costumier choisit des matières qui racontent une époque ou une histoire. Le tissu devient un support de mémoire, en lien avec les aïeux qui ont travaillé dans le textile, qui ont manqué de vêtementsou dont les biens matériels ont été perdus. Il assure la transmission de l'histoire par la matière. L'ambivalence de l'ombre et de la reconnaissance : Le costumier travaille dans l'ombre pour la gloire de l'acteur. Cette position peut être une loyauté envers un aïeul qui a travaillé dur sans jamais être vu ou reconnu pour son talent (l'artisan, la couturière familiale). Il s'efface pour que le collectif brille. La gestion de la filiation et de la transmission : L'acte de coudre et de créer des vêtements peut être une façon de réparer une filiation coupée ou une transmission manquée (souvent de mère en fille, ou de l'artisan à son héritier), en renouant avec les gestes créateurs de la lignée.
Questions pour la réflexion
Si vous êtes costumier(e), il peut être intéressant de vous poser ces questions :
Votre besoin de créer l'image parfaite et d'incarner des rôles n'est-il pas lié à une mémoire d'humiliation, de manque de dignité ou d'interdit d'être soi-même dans votre lignée ? Votre quête de la perfection du vêtement vous permet-elle de réparer un sentiment de chaos ou un manque de statut social hérité ? Avez-vous du mal à vous mettre en avant ou à porter des vêtements voyants pour vous-même, par loyauté inconsciente au rôle de l'artisan de l'ombre qui habille la lumière ?

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